Pourquoi j’ai décliné ma sélection en équipe de France d’athlétisme pour les Mondiaux ?
Après avoir remporté les championnats de France 2022 en courant plus de 240 km en 24 heures non-stop, puis terminé vice-championne d’Europe en courant 253,6 km (record de France), une distance correspondant à six marathons à la suite en moins de 24 heures, mon objectif est désormais de franchir la barre des 260 km (record d’Europe) et la barre des 270 km (record du Monde). Je me projette depuis des mois sur les prochains Mondiaux à Taïwan sans compter mes efforts, avec la conviction de pouvoir atteindre l’objectif. J’ai continué ma préparation début juillet sur un ultra-trail de 179 km autour du Golfe du Morbihan, puis à l’INSEP et en altitude à Font-Romeu.
Mais les modalités de préparation et de rassemblement fixées par l’encadrement de l’équipe de France pour cette prochaine échéance internationale ne permettent pas de préserver ma santé physique et mentale pour réaliser cette performance de très haut niveau, ainsi que j’en ai fait part à la Fédération Française d’Athlétisme. Et il est peu probable qu’elles soient propices à des performances de top niveau mondial actuel.
Cette décision me fait mal au cœur tant mon attachement au maillot France est profond, ainsi que j’ai pu le démontrer en participant aux Mondiaux de 100km puis aux Europe d’ultrafond l’année dernière avec seulement trois semaines de récupération entre les deux compétitions : en cumulant ainsi 32 heures de course à pied, j’avais alors contribué à rapporter trois médailles d’argent pour l’équipe et des sourires en plus. Mais c’est précisément cet attachement qui est le socle de ma décision, autant que ma quête de performance, car je ne peux pas accepter d’être dans la demi-mesure quand il s’agit de faire honneur à ce maillot, mon engagement est total.
Il faut avoir le courage de ses convictions, et savoir prendre soin de soi pour atteindre ses objectifs.
C’est une décision que je dois prendre aussi par respect pour les personnes qui m’accompagnent au quotidien vers cet objectif commun de performance.
D’autres athlètes très attachés au maillot France ont déjà emprunté ce chemin pour aller améliorer des records du monde en dehors des rassemblements avec l’équipe de France d’athlétisme, notamment Renaud Lavillenie (Perche) et Kevin Mayer (Décathlon).
Au-delà de la performance, il me tient toujours à cœur de valoriser l’athlétisme comme école du mouvement, une école où chacun, quel que soit son âge, peut prendre la pleine mesure de son corps et apprendre à maîtriser des gestes simples et beaux, ceux de la marche, ceux de la course à pied, du saut, du lancer. Nous en avons besoin pour résister aux méandres d’une société qui nous fige insidieusement dans la sédentarité.
Je vous donne rdv ce dimanche soir sur France 2 à la fin du JT de 20h pour partager ma vision du sport, du beau geste et de la performance dans une séquence qui s’annonce riche en émotions.